Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/37

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hommes de la terre, et pour moy, il me semble qu’en semblable occasion je serois plus vaillante que Lindamor. Mais, madame, puis que vous m’avez envoyé querir, pensant que je vous puisse estre utile en cette affaire, quel service vous plaist-il que je vous rende? – Il faut, dit la nymphe, que vous alliez recognoistre cet abuseur, sçavoir si c’est luy ou quelqu’autre, et si c’est Climante, comme je le croy. Je veux que vous feigniez que je sois grandement desireuse de pouvoir conferer avec luy de quelque chose qui m’est de grande importance, et s’il est possible, vous le fassiez venir icy pour parler à moy, car, si nous l’y pouvons tenir, il n’en sortira pas quand il voudra. Oui si vous ne le pouvez, parce que les meschans sont tousjours sur la mesfiance, prenez jour avec luy où je puisse le trouver en ce lieu-là, d’autant que, comme vous sçavez, il y a de certains jours qu’il se tient caché; et si on y alloit avec main forte, et qu’il n’y fust pas, ce seroit l’effaroucher, et perdre l’occasion de l’avoir.

Apres quelques autres semblables discours, Galathée vouloit que Leonide s’en allast reposer. Mais tout à coup la rappellant: Encor faut-il, luy dit-elle, que je sçache des nouvelles de vos belles bergeres de Lignon, et quelle a esté vostre vie depuis que vous avez esté esloignée de moy. – Madame, luy respondit-elle, que vous plaist-il que je vous en die, sinon que ce sont bien les plus belles, les plus discrettes, et les plus aymables filles que je vis jamais? Et croyez