Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/44

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entrer de cette sorte, je l’ay supplié qu’il vous ouvrist luy-mesme les portes de son temple, ce qu’il a fait miraculeusement, comme vous voyez. Maintenant, dit-il, se tournant contre l’autel, Ô puissante et redoutable deité, si tu as eu agreable que ces nymphes soient venues t’adorer dans ton enclos sacré, comme tu en as donné cognoissance par l’ouverture des portes, fay nous voir par quelque signe, que tu veux bien qu’elles y demeurent, et fassent leurs prieres et supplications. Lors qu’il profera ces paroles, le feu du sacrifice qui brusloit sur l’autel estoit esteint si bien que presque en mesme temps les portes, comme miraculeusement, se refermerent d’elles-mesmes, dont les nymphes furent saisies d’un grand estonnement, quoy qu’elles sceussent bien que cet homme estoit un affronteur, s’imaginans que ce qu’il feignoit de faire par la puissance du Ciel, il ne le fist au contraire par quelque sortilege ou enchantement. Cela fut cause que, toutes effroyées, elles voulurent sortir de ce lieu, qu’elles pensoient estre plein de meschants demons. Mais il les retint par les bras toutes deux, leur remonstrant que les portes estans closes par la volonté du dieu, ce seroit l’offencer que les ouvrir, sinon quand il luy plairoit; mais qu’elles luy fissent entendre le sujet qui les faisoit venir vers luy, afin que tous ensemble ils le pussent prier de luy vouloir inspirer ce qu’il avoit à leur respondre.[22/23]

Encores que les nymphes eussent une tres-grande peur, si est-ce qu’en partie par force, et en partie de resolution, se