Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/45

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donnans courage l’une à l’autre, Leonide, non pas toutesfois sans begayer, luy fit entendre le desir de la Nymphe Galathée, le suppliant, si c’estoit sa volonté de l’aller trouver, que ce fust le plustost qu’il luy seroit possible, parce qu’elle avoit à luy communiquer une affaire de telle importance, que le retardement n’en pouvoit estre que tres-dommageable. Climante alors, avec un visage severe, et plein de gravité: Nous ne sommes pas, dit-il, ô sages nymphes, comme le reste des hommes, qui peuvent disposer d’eux-mesmes à leur volonté, car nous qui nous sommes donnez au service du Ciel, ne devons ny ne pouvons ordonner de nous que ce qu’il luy plaist; mais je diray bien plus encore, il m’est particulierement deffendu de sortir des limites qui n’ont esté marquées par cette divinité, sinon par son expresse permission. C’est pourquoy je ne puis vous faire response que je n’aye consulté l’oracle, et si vous revenez en ce lieu dans cinq jours, vous sçaurez ce qu’il m’aura respondu. Et cependant, pour avoir quelque cognoissance de sa future volonté, faisons un petit sacrifice, et luy offrons du guy sacré, de la vervaine, et de la sabine, qu’il a tant agreables. A ce mot, prenant quelques feuilles de chesne, il en fit des chappeaux en façon de guirlande, qu’il leur mit sur la teste, et rallumant le feu dessus l’autel plus grand encore qu’il n’avoit point esté, il y jetta dedans quelques petits brins de ce qu’il avoit dit, et puis se remettant à genoux, fit quelques prieres, ou fit semblant