Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/49

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veut, dit-il, consulter son oracle, et nous a dit que dans cinq jours, si nous l’allons treuver, il nous dira si le dieu qu’il sert luy veut permettre de sortir des limites qu’il luy a marquées. Mais je commence desjà d’apprehender d’aller vers un homme, qui, à ce que je crois, a autant d’esprits à son commandement, que les autres ont de cheveux à la teste.

Apres quelques autres semblables discours que Galathée ne pouvoit ouyr sans rire, elle leur commanda de ne parler à personne de ce qu’elles estoient allé faire vers luy, sinon à Adamas; qu’elles pouvoient bien raconter à chacun les choses merveilleuses qu’elles y avoient veues, publiant partout la saincteté de ce druide. Car il ne peut pas estre, disoit la Nymphe, s’il a quelque grand dessein, qu’il n’y ait icy quelqu’un de sa part pour ouyr ce qu’on dit de luy, afin de le luy rapporter. Et lors qu’il sçaura les admirations que vous en ferez, il s’asseurera davantage, voyant que ses artifices sont estimez des miracles, et c’est ce qu’il faut faire, pour le dessein que nous avons. Que si nous en venons à bout, comme nous l’esperons, hous pourrons dire, quoy qu’il soit bien ruzé, qu’il aura trouvé des personnes encores plus fines qu’il n’est pas. Climante, d’autre costé; continua le reste du jour en ses feintes devotions, afin que si quelqu’un de fortune survenoit, il ne fust surpris en quelque action qui pust dementir le tiltre de saincteté qu’il s’usurpoit. Mais lors qu’il fut bien nuict, et qu’il creut que personne ne le pourrolt