Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/50

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plus recognoistre, il ferma bien son temple et revestu d’autres habits, il prit le chemin à travers les bois, dont il estoit fort pratic, pour aller vers Polemas luy faire entendre [25/26] tout ce qui s’estoit passé, et pour consulter avec luy, comme il avoit à se conduire en la demande que Galathée luy avoit faite. Polemas receut un grand contentement de sçavoir que la nymphe eust encores volonté de parler à Climante, luy semblant que c’estoit un tesmoignage infaillible, qu’elle n’avoit point recognu ses artifices, dont jusques alors il avoit esté grandement en doute. – Je croy pas, adjousta Climante à ce que venoit de dire Polemas, que les hommes les plus fins, et les plus rusez n’eussent esté deceus aussi bien que ces filles; car, si jamais un dessein a esté conduit avec une extréme prudence, pour ne pas dire cautele, il faut advouer que ç’a esté le nostre. Et quant à moy, quelque opinion que vous en ayez eue, je ne me suis jamais sceu persuader qu’elles ayent soupçonné qu’il y ait eu de la tromperie en tout ce que je leur ay fait voir, y ayant observé de telle sorte toutes les choses necessaires, que si un autre m’en avoit autant fait, je crois que j’y aurois esté aussi bien abusé qu’elles. Mais si par Ie premier artifice elles ont esté trompées, asseurez-vous que par ce second elles l’ont bien esté encore davantage. Cependant qu’ils parloient ainsi, Polemas fut adverty qu’un messager le venoit trouver pour quelques nouvelles d’importance. Cela fut cause qu’interrompant leurs discours, et faisant retirer Climante