Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/53

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ne vay gueres souvent au chasteau, et tout ce que j’en sçay n’est que par ouy dire, mais c’est la verité, que l’on en raconte de grandes merveilles. – Or bien, luy dit en fin Polemas, vous vous en retournerez vers vostre pere, et luy direz le contentement que j’ay reçu des nouvelles qu’il m’a fait sçavoir par vous, qu’un jour je luy donneray des tesmoignages de ma bonne volonté, comme j’en ay desja tant receus de son affection et de sa fidelité, qu’il continue de m’advertir de toutes choses pour petites qu’elles soient, et sur tout, et vous et luy soyez secrets. Et à ce mot, le licenciant, il s’en revint vers Climante qui, ayant ouy ce message, ne pouvoit s’empescher de rire de l’opi-[27/28]nion qu’ils avoient tous conceue de luy. II faudroit bien aussi, continua-t’il, que ces filles fussent plus fines que la finesse mesme, si elles avoient recogneu l’artifice duquel j’y ay usé. – Mais, reprenoit Polemas, dites-moy, je vous supplie, comment ce feu allumé sur un autel si esloigné de ces portes les peut-il faire ouvrir ou refermer, comme ce jeune homme raconte? Car j’advoue, qu’encores que, lors que vous entreprites cet ouvrage, vous me l’avez dit plusieurs fois, si est-ce que je ne puis comprendre comme cela se peut faire si facilement. – II est certain, dit Climante, que ces artifices se peuvent mieux comprendre par la veue, que par le discours; et toutesfois celuy-cy est assez aisé, pourveu que vous me veuilliez escouter un peu attentivement.

Et lors, s’estant teu pour quelque temps, il reprit de cette sorte: Figurez-vous