Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/54

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cette machine à laquelle j’ay donné la forme d’un petit temple ou sacraire, estre de la longueur de trente pieds ou environ, et large de douze ou treize. La base sur laquelle je l’ay posé est haute de neuf ou dix pieds, de sorte que pour monter au plan où sont les portes, il y peut avoir douze ou treize marches; j’ay esté contraint de faire la base ainsi haute, pour avoir lieu d’y mettre les artifices qui estoient necessaires. Les portes sont legeres, et s’ouvrent ou ferment fort aisément; les deux pivots sur lesquels elles tournent vont jusques en bas, et l’autel qui est à l’autre bout de la machine est creux, et les jointures en sont tellement serrez, que l’air mesme n’y sçauroit entrer. Au dessous, dans la base, il y a une grande peau de bouc, dont le col avec un canal entre dans le creux de l’autel, mais le tout clos avec un tres-grand soing, parce que c’est en cela que gist presque tout l’artifice. A cette peau de bouc est attachée une corde, qui, soustenue par une poulie, se va entortiller aux deux pivots, parce que cette corde se separe en deux sur la fin: entre la peau de bouc, et la poulie, il y a un poids tel que j’ay jugé estre necessaire pour fermer la porte. Or voicy tout l’artifice: aussi-tost que le feu, qui est allumé sur l’autel, s’eschauffe, l’air est chassé de cette chaleur dans la peau de bouc, par le canal. La nature de l’air, c’est d’estre leger, et par ainsi cette peau, s’enflant et s’eslevant, attire en haut ce poids qui baissoit la corde, et ainsi les pivots relaschez par les cordes qui se haussent, ouvrent