Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mains. Asseurez-vous que je luy ay donné l’allarme bien chaude, quand je luy ay dit que, si elle espousoit autre que celuy que les dieux luy ordonnoient, elle seroit la plus malheureuse qui ait jamais vescu. – Mais, repliqua Polemas, si elle s’aperçoit de vostre finesse? – Mais, respondit Climante tout en colere, si le ciel tomboit ? II y a bien apparence de faire cette doute! Je veux que vous sçachiez, que Climante a bien tant d’artifice que, s’il avoit entrepris de faire remarier Amasis avec luy, il en viendroit à bout. Polemas alors, avec un esclat de rire: O pleust à Dieu que je fusse tesmoin de ce beau mariage, et que vous le fussiez du mien avec Galathée! – Je me contente bien, respondit-il froidement, d’avoir Leonide. – O mon cher amy, dit incontinent [30/31] Polemas, en cas que le mien se fasse, je la vous la promets. – Et moy, adjousta Climante, dans peu de jours je vous donneray, Galathée, ou j’y perdray la vie.

Et sur ce discours, ils mirent en avant s’il feroit venir Galathée vers luy, ou s’il iroit vers elle. Et en fin ils conclurent qu’il estoit plus à propos qu’il allast vers la Nymphe, parce que de la faire venir dans le temple, il estoit à craindre que, luy voulant faire voir ces ouvertures des portes, quelque chose ne jouast pas si bien, ny si à propos que de coustume, qui gasteroit tout le mistere; outre que les choses merveilleuses qui adviennent plusieurs fois, se rendent en fin meprisées. Et de plus, voulant faire croire que c’est le dieu qui les ouvre et referme, il sembleroit qu’à ne faire jamais qu’une mesme chose, il y aurait