Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/72

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bien qu’avec raison elle pouvait appeller l’amour plus avare, lors qu’il luy estoit plus prodigue de ses faveurs.

Phillis cependant s’habilloit le plus viste qu’il luy estoit possible; et parce qu’elle n’y mettoit pas beaucoup d’artifice, elle se trouva toute vestue, qu’Alexis avoit à peine mis encore sa robe à la belle Astrée. Dequoy se sousriant: Je voy bien, leur dit-elle, que si vous demeurez autant à tout le reste de l’habit, Astrée pourra estre vestue, quand les autres iront se coucher. – Et quoy! respondit Astrée, le temps, ma sœur, vous dure-t’il de sorte que vous ne vous souveniez pas du dessein que nous avons fait de l’employer pour divertir le mal de la belle Alexis. – Si c’est vostre dessein, repliqua-t’elle, d’employer le temps à quelque chose, je dis que vous avez raison; mais si c’est pour faire passer le temps à cette belle druide, je trouve que c’est un maigre divertissement que le vostre. Que si vous me le voulez permettre, je vous iray querir un second, qui vous pourra mieux assister que moy; outre que vous sçavez bien, ma sœur, que, puis que vous n’y pouvez pas aller, nous commettrions une grande faute, si l’une de nous deux n’alloit luy rendre ses devoirs en cette occasion. – Et de quoy parlez-vous? adjousta Alexis, si toutesfois je ne suis point importune en le demandant. – Ce seroit nous, reprit Astrée, qui serions importunes, madame, en le vous disant; il ne faut pas vous donner la peine d’ouyr nos petites affaires. Et lors, faisant signe à Phillis: Allez, ma sœur,