de tous pour un si desastreux accident. Quant au juge, nous ne pouvons non plus y estre trompez, parce que l’oracle est tel. ORACLE
A l’endroit qu’on dit que dans l’eau
Celadon a faict son tombeau,
Vous aurez un juge propice.
Sans qu’on le voye il vous verra,
Vostre different il orra,
Et vous fera justice.
Voylà, reprit le mesme berger, un oracle assez obscur, car si vous ne voyez point celuy qui doit estre vostre juge, comment entendra-t’il qu’il le doive estre? – II l’est bien encore plus que vous ne dites, respondit Delphire, car il faut, à ce que nous a dit depuis Cleontine, que, sans que nous parlions à luy, il l’entende de nous. Il est vray que nous n’y pouvons point estre deceus, car les dieux luy ordonnent, sur peine de leur desobeyr, qu’aussi-tost qu’il sçaura qu’il est nostre juge, il ayt à nous en advertir. –
Mais, interrompit encores ce berger, comment le sçaura-t’il,
si vous ne le luy dites, et comment le luy direz-vous, si
vous ne le cognoissez pas? – Pour demeler ces
difficultez, dit Delphire, il n’y a personne qui
le puisse mieux faire que le dieu, duquel
cet oracle a esté rendu. [52/53]