Page:Urfé - L’Astrée, Quatrième partie, 1632.djvu/99

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Delphire, respondit Diane, ce seroit estre bien discourtoise que de refuser quelque chose à une si belle, et si discrete bergere, vous devez estre plus assurée de ma volonté que de ma puissance. – Les dieux, adjousta Taumantes, ne sont pas comme les hommes, desquels on dit qu’ils peuvent bien donner les charges à ceux qu’il leur plaist, mais non pas la capacité de les sçavoir exercer, car au contraire, quand les dieux commettent quelque personne à une chose, ils luy donnent en mesme temps tout ce qui luy est necessaire pour l’effectuer. Et puis que les dieux vous ont choisie parmy tous ceux qui sont en cette contrée, pour nous remettre dans le repos, dont par mal-heur nous sommes sortis, et que nous ne pouvons retrouver sans vous, il ne faut point douter, qu’ensemble ils ne vous ayent donné et la puissance et la capacité de le faire. – Taumantes, respondit Diane, si l’on m’eust demandé, qui je pensois sur les rives de Lignon, vivre avec le plus de repos et de douceur, je croy que j’eusse dit, Delphire et Taumantes, et je m’étonne plus de vous ouyr dire que vous cherchez ce repos, que je vous tenois si assuré, que d’entendre que les dieux m’ayent esleue pour le vous faire retreuver, car je sçay bien que c’est leur ordinaire de se servir, en l’execution de leurs ordonnances, des instruments qui d’eux-mesmes en sont le moins capables, pour faire mieux cognoistre que c’est entierement à eux que toute la gloire en est deue. – Chacun void