Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1018

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qu’il demandoit, qu’il faisoit estonner chacun de sa constance et ferme resolution à la mort. Olimbre n’en estoit pas de mesme, qui n’avoit desiré de mourir que pour l’accompagner, et qui estoit bien ayse du dény que l’on leur avoit fait à tous deux, car il n’eust pas voulu que c’eust esté à luy seul.

Ils se retirerent donc en leur logis accoustumé, où apres s’estre plains de la fortune, qui ostoit la volonté à ces sages Massiliens de leur accorder ce qu’ils ne refusoient aux plus miserables, le bruit s’espancha non seulement par la ville, mais par toute la contrée que deux grands personnages Romains estoyent venus exprés pour demander le poison. Cela fut cause qu’entre les autres il y eut un grand astrologue qui, desireux de les cognoistre, les vint visiter. Cet homme estoit vieil, et avoit vescu pres de trois siecles, je veux dire des nostres, s’estant tousjours adonné à ceste science avec tant d’estude qu’il estoit reussy admirable en ses predictions. Celuy-cy donc estant adverty de leur dessein, craignant que leurs courages fussent tellement disposez à la volonté de mourir que le poison leur estant refusé, ils ne recourussent, au fer, il desira de les conseiller selon que sa science le luy pourroit permettre. Et en ce dessein les vint trouver un matin qu’ils estoyent seuls dans leur chambre. Il voulut y estre conduit par moy, parce que nous avions quelque cognoissance à cause de mes estudes.

Je ne vous diray