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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1017

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qu’on les pust entendre. En fin les voix ayant esté recueillies par le principal, et s’estant remis en sa place, il profera d’une voix grave et assez haute, telles parolles.

Jugement du conseil des six cens.

Sur les requestes à nous presentées par ces deux suppliants pour obtenir le soulagement des miseres humaines. Le Conseil ordonne, avant qu’accorder la premiere, que le suppliant aura permission de la dame qu’il ayme, de pouvoir disposer de sa vie, avec laquelle revenant, son desir sera contenté. Et pour l’autre, son amy ne voulant consentir à sa mort, il est declaré incapable d’obtenir ceste grace. Et cela, d’autant que l’un et l’autre sont amants et aymez, et que I’amant ne doit pas vivre pour soy, mais pour la personne aymée, et par consequent ne peut ny ne doit disposer de sa vie, sans la permission de celuy à qui elle est.

O Dieu ! s’escria Ursace, ayant ouy ceste ordonnance, combien ay-je encores à passer de tristes jours, et de fascheuses nuicts ! Et faisant une grande reverence à ces seigneurs, il sortit du Conseil, si affligé de n’avoir peu obtenir ce