le danger qu’il y avoit pour luy de s’en aller en Affrique. – Il faut, dit-il, que vous renvoyez en Italie tous vos domestiques, et que vous fassiez semblant de vous tuer, afin que le bruit s’en espanche par tout. Et puis de là à quelques jours, vous vous desguiserez ou en esclave ou autrement, et vous mettrez au service de vostre amy, qui vous ermenera en Affrique où mesme il le racontera à Genseric ; et ne doutez point que, de ceste sorte demeurant incognu, vous ne parveniez à ce que vous desirez.
Je vous conseillerois bien d’aller en Constantinople attendre qu’Olimbre vous y allast trouver avec Eudoxe et Placidie, car je voy bien par mes observations qu’il les y doit conduire ; mais trois occasions me font vous dire, que vous devez aller en Affrique. La premiere, parce que je prevoy qu’il faut que vous soyezt tenu pour esclave, et que vous ne le pouvez eviter. L’autre, que peut-estre le sejour vous seroit bien ennuyeux d’attendre si long temps sans vostre amy, et sans voir celle que vous aymez. Et la derniere, afin que vous assistiez de conseil Olimbre, qui en aura bien affaire aux occasions qui se presenteront, et desquelles il n’est pas à propos qu’il se declare à personne. Outre qu’il est necessaire pour oster à Genseric tout soupcon, et toute la mauvaise volonté qu’il pourroit avoir conceue contre Olimbre, que l’on fasse courre le bruit que vous estes mort ; que si