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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1025

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apprendre à bon marché que de se promener en ce lieu avec vous.

Cependant Hylas qui tenoit Alexis d’un costé, doit bien discourant sur d’autres sujets, car estant devenu passionnément amoureux d’elle, il ne la pouvoit quitter. Adamas qui s’en prenoit garde, et qui estoit bien aise qu’il se trompast de ceste sorte. pour mieux cacher Alexis, lors qu’il fallut aller à la table, et sortir de la gallerie, se tournant vers Hylas : Et bien, berger, luy dit-il avouez la verité, qu’est-ce que vous avez trouvé de plus beau en ce lieu ?

Hylas, sans y longuement songer, respondit : Alexis. – Mais, adjousta ledruide, je parie des raretez que vous y avez veues, et que j’ay esté curieux d’y assembler. – Quant à moy repliqua Hylas, je n’ay point d’yeux pour regarder autre chose qu’Alexis, et si vous voulez sçavoir des nouvelles de ce que vous me demandez, il s’en faut enquerir de Tircis, parce que ce ne sont que peintures mortes, et il n’aime que celles qui ne sont plus au monde. – Je respondray, dit Tircis, que je n’y ay rien veu de plus beau qu’Alexis, ny qui m’agree d’avantage. – En fin, s’escria Hylas, qui commençait d’estre jaloux, Hylas ne sera pan le seul inconstant de ceste troupe, puis que vous vous en meslez. Mais, ma maistresse, continua-t’il, s’adressant à Alexis, ne vous laissez pas mourir pour cela, car il vaut bien mieux qu’il soit inconstant. – Et pourquoy dittes-vous cela ?