Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1024

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais le druide se leva, prenant Tircis d’une main, et Phocion de l’autre, et attendant que la viande fust portée, il fit quelques tours en la gallerie, chacun considerant ce qui luy sembloit de plus rare: Et entre les autres, Tircis regardant un grand Roy armé; et tout couvert de panaches, à longue barbe, et à longue chevelure, et de qui le visage estoit remply de gravité : Qui est celuy-là, dit-il, mon pere, qui porte un escu de gueulles à trois diademes d’or ? – c’est, dit le druide, Faramond, le premier Roy des Francs, qui a fait sentir ses armes victorieuses aux Romains en Gaule. – Et celuy-cy, continua Tircis, qui est aupres de luy, qui porte d’azur à un chat d’argent armé de gueulles ? – C’est; dit Adamas, Gondioch, roy des Bourguignons, qui prit cet animal en signe de liberté. – Et cest autre, adjousta Tircis, qui porte d’or à trois corbeaux à aisles estendues, de pourpre, membrez de gueulles ? – c’est, respondit Adamas, le roy des Gepides, nommé Ardaric. – Quant à celuy-cy, reprit Tircis, qui porte de gueulIes à un espervier a aisles estendues, d’or membré et couronne d’argent, je ne le vous demande pas, car vous m’avez des-jà dit qu’il s’appelloit Attila, roy des Huns. Il faut advouer que vous avez esté curieux, non seulement pour les peintures de tant de grands personnages, mais pour avoir encore eu la curiosité de les faire vestir et armer comme ils souloient estre. C’est