Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1027

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tant ? – Je ne vous en veux rien dire, respondit le berger, que vous n’ayez parlé à Hylas. – Et bien. mon serviteur, dit-elle, que.nous en raporterez-vous ? Et parce qu’il ne respondoit rien : Et quoy, mon serviteur, dit elle, ne parlerez-vous point à vostre maistresse ? – Vous, dit Hylas, ma maistresse ? et moy vostre serviteur ? Si vous le croyez,il y en a bien de trompées, car je n’y pensay jamais moins que je faits. – Et comment ? mon serviteur, dit Phillis, feignant d’en estre bien en peine, vous ne me voulez plus pour vostre maistresse ! – Je vous prie, bergere, dit-il, n’usons plus de ces mots de serviteur et de maistresse : ils ne sont plus de saison entre nous. – Et à quel jeu, dit-elle, vous ay-je perdu, Hylas ? – A celuy des plus belles, respondit-il. Ne sçavez-vous pas que j’ay accoustumé de donner congé à celles que j’ayme quand j’en trouve de plus belles ? Demandez à Florice, à Circéne, à Palinice, à Madonte, et à Laonice. Et si toutes celles-là ne le vous veulent dire, vous pouvez dés à ceste’heure vous en enqurir à Phillis qui est l’une de vos meilleures amies, car si elle vous veut advouer la verité, elle vous dira que je la quitte pour Alexis, qui à la verité est la plus belle et la plus raisonnable que je vis jamais.

Chacun se mit à rire des discours de Hylas,. et Phillis ayant fait comme les autres, enfin reprenant la parole : Et quoy, berger, vous estes donc resolu de ne me plus aimer ? Est-il possible que vous