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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1031

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point leur plus parfait ouvrage ? et que ce seroit n’estre pas homme que de n’aimer point, ou d’oublier la chose du monde la plus digne d’amour et de memoire ?

Ainsi discouroient ces bergers, cependant que Lycidas racontoit à Phillis et à la belle Astrée ce qu’il avoit veu chez Adamas, et quelle estoit la beauté d’Alexis. – Et afin, disoit-il, que sans l’offencer, je vous dise quelle elle est, representez-vous le visage de feu mon frere, quand il estoit en sa plus grande beauté, car elle luy ressemble de sorte, que je ne vis jamais pourtrait qui ressemblast mieux à un visage, ou pour mieux dire jamais miroir ne representa rien plus naifvernent – Est-il possible, dit Astée, que cela soit ? – II n’est rien de si vray, dit-il, que je n’y cognois difference qu’en l’habit, et que sans mentir je trouve Alexis un peu plus belle, ce me semble. – O dieux ! dit Astrée, me ferez vous ceste grace que je puisse encore une fois contenter mes yeux de ceste agreable veue ? Et puis se tournant à Diane, luy parlant à l’oreille : Je vous promets, ma sœur, que si je puis, j’auray ses bonnes graces, et que je seray refusée, ou je m’en iray avec elle pour me rendre druide. – Mon Dieu ! ma sœur, dit Diane, ne parlons point de ceste separation, ou il faut que vous vous resolviez de nous emmener, Phillis et moy. – Il n’est pas raisonnable, dit Astrée, toute contente de l’esperance qu’elle avoit, vous feriez trop de tort à Silvandre, et à lycidas,