Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/1030

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d’Apollon qui cousta si cher à nos Gaulois, luy avait esté dedié par des hommes. – Vrayement, dit Hylas, tu m’avois longuement gardé ceste remontrance. Et Tircis, mon amy, depuis quand es-tu devenu si amoureux ? Toy, dis-je, qui ne te contentant pas des personnes vivantes, vas fouiller dans les tombeaux pour y derober mesme ce que les dieux ont voulu oster d’entre les hommes pour s’en rendre seuls possesseurs ! Toy, qui pour te rendre desobeissant à leurs ordonnances, aimes mieux quitter les actions des hommes qui doivent aymer les personnes vivantes, et avoir en horreur celles qui sont mortes ! Toy, dis-je, Tircis, tu me viens parler des dieux et du devoir des hommes ! – Ah ! Hylas, respondit Tircis en souspirant, que tes reproches me touchent vivement, et que c’est à grand tort que tu me les fais ! J’advoue que j’ayme Cleon, et que je seray plustost sans me souvenir de moy-mesme, que sans la memoire de ses perfections ; mais en quoy offencé-je les dieux, et en quoy sors-je du devoir des hommes ? puis qu’au contraire ce seroit estre infiniment ingrat envers les dieux que de n’honnorer