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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/140

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à nos yeux sur le differend de Celidée, Thamire et Calidon : la premiere, l’amour ; la deuxiesme, le devoir ; et la derniere, l’offense. En la premiere, nous remarquons trois grandes affections ; en la deuxiesme, trois grandes obligations ; et en la derniere, trois grandes injures. Celidée dés le berceau a aimé Thamire, Thamire a aimé Celidée estant des-ja avancé en aage, et Calidon l’a aimée dés sa jeunesse. Celidée a esté obligée à la vertueuse affection de Thamire, Thamire l’a esté à la memoire du pere de Calidon, et Calidon aux bons offices de Thamire. Et en fin Celidée a esté fort offensée de Thamire quand il l’a voulu remettre à Calidon, et Calidon n’a pas moins offensé Thamire et Celidée : Thamire, en luy refusant la mesme courtoisie qu’il avoit receue de luy, et Celidée, en la recherchant contre sa volonté, et luy faisant perdre celuy qu’elle aimoit.

Toutes ces choses longuement debattues et bien considerées, nous avons cogneu que, tout ainsi que les choses que nature produict, sont toujours plus parfaictes que celles qui procedent de l’art, de mesme l’amour