Aller au contenu

Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

touffu, qu’encores que la lune fust des-ja levée, et qu’elle esclairast, si ne pouvoit-il qu’à peine voir le chemin par où il passoit. Il est vray que ses pensées quelquesfois luy ostoient aussi bien la veue que l’espesseur des arbres, parce que tout ravy en la pensée de Diane, il ne voyoit pas mesmes les choses sur lesquelles ses yeux se tournoient. Et de fortune, ayant choppé contre la racine d’un gros arbre, il revint en luy mesme, et voulant prendre le chemin de son hameau, parce qu’il s’en estoit un peu destourné, sans y penser, il parvint en un lieu du bois, où les arbres pour estre rares luy laisserent voir la lune. Elle avoit passé le plain de quelques jours, et ne laissoit toutesfois d’esclairer, de sorte que le berger, oubliant tout autre dessein, se jetta à genoux pour l’adorer, par ce que la conformité des norms de Diane et d’elle luy commandoit d’aimer cet astre sur tous ceux qui paroissoient dans les cieux. L’ayant donc adorée, et sa bergere en elle, il se releva, et tenant les yeux haussez vers elle, il luy parla de ceste sorte :

Sonnet
Rapport de diane a la lune