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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/147

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Mon penser, hé pourquoy me viens-tu figurer
Qu’il ne faut que je l’aime, et qu’elle est pour un autre ?
Si c’est pour un mortel, ne peut-elle estre nostre ?
Et si c’est pour un dieu, ne la puis-je adorer ?

Si c’est pour un mortel, qui sçauroit mesurer,
Entre tous les mortels, son amour à ma flame ?
Et si c’est pour un dieu, se peut-il voir une ame,
Qui d’un zele plus sainct la puisse reverer ?

Mais que nous vaut cela, si ceste ame cruelle
Ne daigne regarder ceux qui meurent pour elle ?
L’amour ou la raison la forceront un jour.

En fin elle aymera, puis que nul ne l’esvite :
Que si c’est par raison, gagnons-la par merite,
Et si c’est par amour, gagnons-la par amour.