Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/149

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des arbres, esmeues par quelque souffle de vent : O que je tremble bien mieux de crainte, disoit-il, quand je suis prez d’elle, et que je luy veux dire les veritables passions qu’elle pense estre feintes ! Que s’il levoit quelquesfois les yeux en haut, considerant la Lune, il s’escrioit:

La lune au ciel, et ma Diane en terre.

Le lieu solitaire, le silence, et l’agreable lumiere de ceste nuict, eussent esté cause que le berger eust longuement continué, et son promenoir, et le doux entretien de ses pensées, sans que, s’estant enfoncé dans le plus espais du bois, il perdit en partie la clarté de la lune qui estoit empeschée par les branches, et par les fueilles des arbres, et que revenant en luy-mesme, voulant sortir de cet endroict incommode, il n’eust pas si tos jetté les yeux d’un costé et d’autre pour choisir un bon sentier, qu’il ouyt quelqu’un qui parloit aupres de luy. Encor qu’il s’entretint en ce lieu separé de chacun pour estre tout à luy-mesme, si ne laissa-t’il d’avoir la curiosité de sçavoir qui estoient ceux qui comme luy passoient les nuits sans dormir, s’asseurant bien qu’il faloit que ce fust quelqu’un atteint de mesme mal qu’il estoit, faisant bien paroistre en cela qu’il est vray que chacun cherche son semblable, et que la curiosité