Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/159

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LE
TROISIESME LIVRE
DE LA SECONDE
Partie d'Astrée.


Lors que Silvandre s’endormit, la nuict estoit desja tant advancée, qu’il ne s’esveilla que le soleil ne fust fort haut. Et au contraire, le berger, qui la nuict avoit discouru avec le druide, fut aussi matineux que l’aurore. Et parce que le lieu de sa demeure estoit pres de là, de fortune se promenant selon sa costume, il apperceut Silvandre endormy, et desireux de le cognoistre (parce que depuis plus d’un mois qu’il faisoit sejour en ce lieu, il n’y avoit rencontré berger de sa cognoissance), il s’approcha doucement de luy ; mais il n’eust plustost jetté l’œil dessus, qu’il le recogneut pour l’un de ses plus grands amis, et telle cognoissance luy fit venir les larmes aux yeux, pour le souvenir de sa vie passée. Et se retirant