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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/183

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la main. Et parce que Phillis avoit esté mise la nuict dans la main. Et parce que Phillis avoit tousjours l’œil sur luy, elle ne fut pas plustost à terre, qu’elle la releva, sans que le berger s’en apperceut, et la portant vers Astrée, vouloit la lire, avant que de la luy rendre ; mais soudain qu’elle et la triste bergere jetterent les yeux dessus, il leur sembla de voir de l’escriture de Celadon. Cette representation toucha si vivement Astrée, qu’elle fut contrainte, laissant Diane avec Silvandre, et tirant Phillis apres elle, de s’asseoir à terre où Phillis s’estant mise à genoux, et luy voyant le visage tout changé : Qu’est cecy, ma sœur, luy dit-elle, et quel est le mal qui vous est si promptement survenu ? – Mon Dieu, ma sœur, respondit Astrée, quel tremblement de genoux m’a surprise ! et en quel trouble m’a mise la veue de cette lettre ! N’avez-vous point pris garde, dit-elle, à la façon de ceste escriture, et combien les traits en sont semblables à ceux de mon pauvre Celadon ? – Et pour cela, respondit Phillis (qui ne desiroit pas que Silvandre se prit garde de ce trouble) faut-il vous estonner de ceste sorte ? c’est peut-estre veritablement une de ses lettres, qui est tombée entre les mains de Silvandre, et qu’amour vous veut rendre comme chose qui vous est deue. – Helas ! ma sœur, respondit Astrée, cette nuict mesme il m’a semblé de le voir si triste et pasle, que je m’en suis esveillée