Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/182

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de vous , demanda Phillis, qu’en feriez-vous ? – J’en userois tout ainsi, adjousta Diane, que s’il ne m’aimoit plus. – Mais si vous desiriez, continua Phillis, qu’il vous aimast encore, respondit Diane, car je me jugerois digne de finir miserablement, si j’aimois une personne que je sceusse ne m’aymer pas. – Ah ! Diane, dit Phillis, que vous parlez librement ! – Et vous, Phillis, repliqua Diane, que vous disputez passionnément ! Que si vous avez affaire de quelque remede pour ce mal, ou prenez celuy que je vous donne, ou vous armez de patience pour supporter tous les desplaisirs qui vous en viendront, et soyez asseurée qu’ils ne seront pas petits.

Ainsi alloient discourant ces belles et sages bergeres avec Silvandre. Et parce qu’Astrée cogneut que si ces propos continuoient d’avantage, ils pourroient peut-estre amener quelque alteration, elle les voulut interrompre ; et ne le pouvant faire plus à propos qu’en se levant, elle feignit de se vouloir promener. Et ainsi prenant Diane d’une main, et Phillis de l’autre, elle se leva, disant qu’elles avoient demeuré trop longuement en ce lieu, et qu’il seroit bon de se promener. Lors Silvandre, voulant aider à sa maistresse, laissa choir sans y penser la lettre qui lui avoit esté mise la nuict dans