la volonté d’un dieu, à qui vous adressez-vous pour l’apprendre ? – C’est sans doute, respondit Phillis, à ceux qui sont prestres de leurs temples, et qui ont accoustumé de servir à leurs autels. – Et pourquoy, adjousta le berger, ne vous adressez-vous plustost à ceux qui sont les plus sçavans, que non pas aux ministres de ces temples, qui le plus souvent sont ignorans en toute autre chose ? – Parce, repondit-elle, que chaque dieu se com- munique plus librement à ceux qui sont initiez en ses mysteres, et familiers autour de ses autels, qu’aux estrangers, encores qu’ils soyent savans. – Voyez, reprit alors Silvandre, quelle est la force de la verité, puis qu’elle vous contraint mesme de la dire contre vostre intention ; car si vous n’entendez pas les mysteres d’amour, n’est-ce pas signe que vous luy estes estrangere, puis que vous advouez que les dieux se communiquent plus librement à ceux qui servent leurs temples et leurs autels. Mais comment peut-on servir les temples et les autels d’amour, sinon en aimant ? Le sacrifice seul des cœurs est celuy qui plait à ce dieu. Ne voyez-vous donc, Phillis, que si vous ignorez ces mystères, ce n’est pas faute d’entendement, mais d’amour ? – Et quand cela seroit, respondit Phillis (ce que je n’advouray jamais), comment accuseriez-vous Diane
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