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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/193

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peu d’entendement que non pas peu d’amitié, puis que l’intelligence n’est pas en la volonté. – Vous vous trompez, respondit le berger, et voicy un de ces mysteres qui vous sont inconnus, et dont il ne faut accuser, ny vostre entendement, ny vostre volonté, mais ceste belle Diane. – Et comment, dit Diane, me voulez-vous rendre coulpable de l’ignorance de Phillis ? – Je ne vous en juge pas coulpable, belle maistresse, repliqua Silvandre, mais je dy que vous en estes la cause, ainsi que me l’a declaré un ancien oracle, par lequel, continua-t’il se tournant vers Phillis, j’apprens que je suis plus aimé de nostre maistresse que vous. Astrée qui jusques alors n’avoit point parlé. Voicy, dit-elle, les discours les plus obscurs, et les raisons les plus embrouillées que j’ouys jamais. – Si vous me donnez le loisir, respondit Silvandre, de m’esclaircir, je m’asseure que vous l’advouerez comme moy. Et pour le vous faire mieux entendre, je redis donc encor’ une fois, que le subjet, pour lequel Phills ne comprend les mysteres de ce grand dieu d’amour, c’est parce qu’elle n’aime pas assez ; et que de ce defaut d’amitié, il n’en faut point accuser sa volonté, mais Diane seulement, ainsi que nous l’apprend cet ancien oracle par lequel je connois que je suis plus aimé d’elle que Phillis, et en voicy la raison. Lors que vous desirez de sçavoir quelle est