Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/197

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qui me contrainct de l’aimer avec tant d’affection ne m’aime ardamment. Phillis demeura muette, ne sachant que respondre au berger, qui à la verité deffendoit trop bien sa cause. Astrée, s’approchant de l’oreille de Diane : Ne me croyez jamais pour veritable, dit-elle le plus bas qu’elle peut, si ce berger en feignant ne s’est laissé prendre à bon escient, et s’il n’a fait comme ces enfants qui passent tant de fois le doigt autour de la chandelle pour se jouer, qu’en fin ils s’y bruslent. Diane luy respondit : Cela pourroit estre, si j’estois aussi capable de brusler, qu’il le pourroit estre d’estre bruslé. Que si toutesfois il a fait la faute, la peine en soit à luy : car quant à moy, je ne pretens point y participer. Ces propos à l’oreille eussent continué davantage, si Phillis qui estoit entre deux ne les eust interrompus, leur reprochant qu’elles tenoient le party de Silvandre. Ce n’est pas cela, respondit Diane, mais nous disons bien que vous ne devez plus disputer contre luy, car il en sait trop pour vous. – Si veux-je encor, dit-elle, sçavoir de luy comment il entend, que ce que vous avez dit au commencement est plus à son advantage qu’au mien, parce que je ne puis comprendre, que ce ne me soit plus d’honneur, puis que vous m’eslisez pour vostre compagne. – A vous, respondit le berger, l’honneur, et à moy, l’amitié. – Non, non, repliqua la bergere, ce nom de