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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/212

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plus qu’en rire, dequoy il ne s’offençoit point ; car il y a cela de bon, que tout ainsi qu’il vit librement avec tout le monde, il est bien aise qu’on en face de mesme avec luy. Toutesfois cette amour alla croissant, de sorte que ma compagne s’en trouva ennuyée, non pas que veritablement Hylas ne soit personne iie mérité, et qu’il n’ayt des perfections qui sont dignes d’estre aimées ; mais elle estant vefve, et ne faisant pas dessein de -se remarier, cette recherche ne pouvoit que luy estre fort desadvantageuse.

En ce mesme temps il sembla que le Ciel eut pitié de Palinice, luy donnant une compagnie, et bien tost deux, pour luy aider à porter un si pesant fardeau. Palinice avoit un frere qui estoit serviteur, il y avoit long temps, de Circéne (dit-elle montrant l’autre de ses compagnes qui estoit aupres d’elle) et parce que le respect a plus de puissance sur les cœurs qui ayment bien, Clorian (tel est le nom du frere de Palinice) n’avoit point encor eu la hardiesse de le dire à cette belle Circéne. Elle d’autre costé, estoit encor trop jeune pour prendre garde aux actions qui luy en pouvoient donner cognoissance ; si bien que Clorian brusloit bien devant sa déesse, mais son sacrifice estoit inutile, n’estant pas cogneu de celle à qui il l’offroit.

Hylas cependant continuoit de voir Palinice, et parce, à ce qu’il dit, que l’un des premiers preceptes de la prudence d’amour,