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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/233

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malice sont trop aigus pour ne percer tous les voiles qu’on leur veut opposer. Et la cognoissance qu’il leur en donnoit eust esté beaucoup plus grande, si Astrée ne les eust separez ; mais desirant avec passion de parachever son voyage, elle rompit bien tost compagnie à ces estrangeres et se remit en chemin.

Et parce que Paris avoit pris soubs les bras Diane, Silvandre s’en alla vers Phillis, qui le voyant venir : Voilà que c’est, luy dit-elle, nous sommes tous deux de surplus, et quand nous ne serions point icy, l’on ne laisseroit pas de s’entretenir. – A ce coup, dit Silvandre, j’advoue, mon ennemie, que vous avez barre sur moy, et que je n’ay rien à repliquer sur ce que vous dites ; je plie patiemment les espaules, et paye de cette sorte le tribut de mon peu de merite sans murmurer.

Lors qu’elle luy vouloit respondre, Hylas survint, qui, sans se soucier de ces estrangeres, s’en courut apres Phillis, laissant Palinice, Circéne et Florice, tout ainsi que s’il ne les eut jamais aimées. Diane qui admiroit cette humeur, ne peut s’empescher d’en faire signe à Phillis, qui de son costé le regardoit en pitié, et l’estimoit l’unique en son espèce, et apres l’avoir consideré quelque temps de cette sorte : Me direz-vous la verité, Hylas ? luy dit-elle. – En pouvez-vous faire doute, respondit-il, voyant combien je vous aime, puis que pour vous suivre je laisse toutes celles que j’ay aimées ? –