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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/245

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fait faire choix, estoit que sa mere le luy avoit bien souvent pro­posé pour mary, et qu’elle avoit bien recogneu qu’il ne luy vouloit point de mal. Je me retire donc en cette intention vers Clorian, à qui je faints un long discours pour luy faire trouver meilleur ce que je luy voulois dire. Je luy raconte des paroles, des responses, et des repliques merveilleuses que je disois avoir faites à son advantage, et dont il n’avoit pas esté dit un mot ; et en fin je l’asseure que la declaration qu’il luy fera de son affection luy. sera agreable. Les remerciement qu’il me fit furent grands, et plus encor les offres de me servir en semblable occasion, dont je le remerciois de bon cœur, ne desirant pas d’estre entre ses mains,-comme je le tenois entre les miennes.

En fin il se resolut de parler à Circéne, selon mon advis, et se prepara à cette rencontre avec autant de crainte et de battement de cœur, que s’il eust deu entrer en camp clos contre le plus vail­lant champion de tous les Francs. Si est-ce que le courage que je luy donnois, et l’asseurance que ses paroles seroient bien receues, luy firent en fin surmonter la crainte qui l’en avoit si long temps empesché. Et trouvant la commodité de luy parler, il luy dit son intention, avec les meilleures paroles qu’il peut inventer, desquelles la conclusion fut, qu’il luy portoit tant de respect, que sans moy il