Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/26

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de s’advancer vers luy et vers la nymphe pour les saluer. Le ne vous demande pas, luy dit Leonide, en sousriant, quelles estoient les pensées qui vous entretenoient en ce lieu solitaire, sçachant assez que celles qui vous accompagnent ne sont guere sans Diane ; mais je voudrois bien sçavoir de vous pourquoy vous la preferez à sa veue, et quelle est l’occasion qui les vous rend plus douce que sa presence. – Je ne nieray point, dit-il, madame, que ces agreables pensées dont vous me parlez ne m’ayent tenu fidelle compagnie, aussi bien en ce lieu retiré qu’elles font par tout où je me trouve esloigné de Diane, mais que je les tienne plus chers que sa veue, permettez-moy, je vous supplie, de vous dire qu’encor que par raison cela devroit estre, toutesfois je ne l’ay point encores peu obtenir sur moy-mesme. Que si vous me voyez icy sans elle, ce n’est que pour passer pus doucement en la compagnie de mes imaginations les heures que son repas me constrainct de perdre logn d’elle ; et, d’effet, lors que vous estes arrivée, je m’acheminois au carrefour de Mercure parce que voicy le temps qu’elle part de cabane pour aller vers Astrée, et je faisois dessein de l’y accompagner. – Nous sommes venus, respondit Leonide, avec resolution de donner