Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/269

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d’autres apres elle, qu’elle outrepassoit, fust pour sa beauté, fust pour ses merites.

Le jour que je me declaray son; serviteur, ce fut celuy que le peuple festoit pour la restauration de leur ville faite sous Neron, apres l’espouventable embrasement, dont le feu du ciel en une nuit l’avoit mise en cendres. En cette commune rejouissance, chacun s’efforçoit de s’habiller le mieux qui luy estoit possible, tant pour assister aux sacrifices qui se faisoient à Jupiter Restaurateur, et aux dieux Tutelaires, que pour se trouver aux jeux et spectacles publics. Dorinde, desireuse d’estre remarquée, ne faillit de s’agencer de tous les meilleurs artifices, avec lesquels elle pensa que sa beauté pouvoit estre accrue. Mais pour la conclusion de ce jour, que vous diray-je, ma belle Phillis ? vous particulariseray-je tous nos discours ? Ils seroient peut-estre ennuyeux. Et suffira que je vous face briefvement entendre, que Dorinde ne partit point de l’assemblée que je ne luy eusse dit tant de choses de l’affection que je luy portois, qu’elle commença de le croire.

Ce fut ce mesme jour que je fis amitié avec un jeune chevalier nommé Periandre, homme à la vérité plein de civilité, de discretion et de courtoisie. Cestuy-cy m’ayant veu pres de Dorinde, et trouvant mon humeur à son gré, resolut de me rendre son amy ; et moy, de mon costé, desireux d’avoir des cognoissances en