Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/278

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vous point pris garde à un miroir qu’elle porte à la ceinture depuis quelques jours ? Et m’ayant respondu qu’ouy : Or, luy dis-je, elle le porte pour l’amour de moy ; et afin que vous n’en puissiez point douter, la premiere fois que vous serez aupres d’elle, cassez-en la glace et en ostez un petit papier qui est entre deux, vous y trouverez dessous mon pourtraict. Il n’y a point de doute qu’elle sera bien marrie que vous l’ayez veue ; mais l’amitié que je vous porte, m’oblige de vous descouvrir ce secret, afin que vous sortiez de peine.

Periandre m’oyant tenir ce discours, demeura aussi immobile, que s’il eut veu le visage de Meduse, et apres avoir quelque temps resvé sur ce que je luy disois, il conclud que si cela estoit, il n’y avoit point de difficulté qu’il me la devoit quitter, et s’en retirer entierement. Et pour en sçavoir promptement la verité : Encores, me dit-il, que je ne doute de vos paroles, si seray-je bien ayse de me retirer de son service avec cognoissance de cause, et en sorte qu’elle ne me puisse accuser de legereté.

Il sort donc à l’heure mesme, et la va trouver en son logis, où de fortune Arcingentorix ny sa femme n’estoient point, mais Dorinde seulement, qui estoit demeurée pour entretenir deux jeunes dames, qui l’estoient venu visiter. Elle veritablement aimoit mieux Periandre que pas un de tous ceux qui la recherchoient, quoy qu’elle en fist