Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/300

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vie, luy respondit pleine de colere, que Teombre ne donnoit pas tant cognoissance d’estre amoureux d’elle, qu’elle d’estre amoureuse de luy. A cela Florice toute confuse, respondit que Teombre la recherchoit avec tant d’honneur, qu’elle ne pouvoit moins faire que de recevoir son amitié de cette sorte, puis que c’estoit pour l’espouser. – Si cela est, respondit incontinent son pere, faites qu’il nous en prie, autrement nous dirons que vous l’avez inventé pour vous excuser. Elle qui veritablement craignoit et son pere et sa mere, et qui outre cela avoit tousjours vescu avec beaucoup de reputation, pensa estre necessaire que Teombre tinst quelque propos de mariage à ses parents, sans toutesfois qu’elle eust dessein de passer outre, esperant de rompre aisement le tout quand il seroit un peu avancé. Elle en parle donc à Teombre, qui plus content que je ne vous sçaurois representer, ne perdit pas une heure de temps, mais tout incontinent prie deux de ses oncles d’en porter la parole au pere et à la mere de Florice ; ce qu’ils firent avec de si honnestes offres qu’ils furest reçeus comme ils eussent peu desirer. Car il estoit fort riche, et le party n’estoit point desavantageux pour Florice, ce qui estant bien recogneu et considéré par ses parens, ils ne voulurent point prolonger le temps, mais dés le jour mesme conclurent le