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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/301

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mariage ; ce qu’ils firent d’autant plus librement qu’ils croyoient que c’estoit la volonté de leur fille.

Voylà donc Florice accordée à Teombre, voilà les articles passez, et ne faloit plus que la presenter au temple devant le Vacie. Pourrois-je bien, belle bergere, vous representer l’estonnement de ceste fille, quand elle sceut ces nouvelles ? Son pere, pensant qu’elle en seroit fort aise, voulut luy-mesme les luy dire ; mais quand il luy fit entendre en quel estat estoient ses affaires, quoy qu’elle voulut feindre, si fut-elle contrainte de recourre aux larmes, dont le pere estonné : Et quoy, ma fille, luy dit-il, qu’est-ce que je vois ? Florice pleure de ce qu’elle a desiré ? – Mon pere, respondit-elle, quand j’aurois desiré ce que vous dites, je ne laisserois de ressentir ce coup qui me menace de me separer de vous, et de ma mere, et mesme m’estant advenu tant inopinement. – Comment, respondit le pere, ne m’en avez-vous pas parle la premiere, et ne m’avez-vous pas fait entendre que vous l’aviez agreable ? Il ne faut pas, mon enfant, que les choses qui sont à propos aillent trainant, si on en veut voir une bonne fin. – Je vous ay bien dit, mon pere, respondit la fille, toute en pleurs, que Teombre me recherchoit de mariage, mais je ne vous ay pas dit que je le desirasse. – Et n’est-ce pas vous, adjousta le pere, qui estes cause que Teombre en a parlé ? – Ç’a esté,