Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/307

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le permettant, punirez-vous point ceste ingratte, et mescognoissante Florice ?

Or je faisois semblant de n’avoir receu sa lettre, afin qu’elle ne creut pas que ce fussent ses parolles, mais mon amour seulement qui me faisoit revenir vers elle, parce que si j’eusse esté poussé par ses prieres, il eust semblé que j’eusse eu moins d’affection qu’elle, ce que je ne voulois pas qu’elle pensast. Quand elle receut ma lettre, elle eut beaucoup de contentement de sçavoir que je l’aymois, et ne fut peu en peine de la sienne, voyant que je ne l’avois point receue. Elle me r’escrivit donques et me fit sçavoir qu’elle craignoit que sa lettre ne fust perdue, elle me la redisoit encores ; mais sans attendre sa responce, je fis semblant de partir de la ville, feignant d’y estre contraint pour ne pouvoir soustenir le veue de ce mariage. Et afin qu’elle le creust mieux, je donnay ordre que presque en mesme temps une autre lettre des miennes luy fust portée. Elle estoit telle.

==Lettre de Hylas à