Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/308

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Florice==

Puis qu’il est impossible que Florice ne suive le cours de son malheureux destin, je pars de cette ville, ne pouvant souffrir une veue si deplorable pour moy. J’ayme mieux en apprendre le malheureux succez par mes oreilles que par mes yeux, reservant desormais ceuyx-cy pour pleurer un si miserable accident. Les dieux vous en donnent autant de contentement que vous m’en laissez peu, et vous le veuillent continuer aussi longuement que durera le cuisant regret que j’en ay et qui m’accompagnera dans le cercueil, où mesme je me plaindray de vostre changement, et de la rigueur de ma fortune.


Or, belle Phillis, je luy escrivois de ceste sorte afin qu’elle ne creust pas que j’eusse receu sa lettre, parce qu’autrement j’eusse esté obligé, si je n’eusse voulu me separer du tout de son amitié, de la demander en mariage. Et j’eusse plustost consenty à ma mort qu’à l’espouser, non pas que je ne l’estimasse infiniment, mais pour l’extreme horreur que j’ay de ce lien, et j’avois bien une si bonne opinion de moy, que je tenois pour certain qu’elle ne me seroit point refusée. Et de peur qu’elle ne fust