Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/316

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de mes raisons ne fut receue. Il fallut en fin que je m’y resolusse.

C’estoit le sixiesme de la lune de Juillet que tous les plus apparents de la ville vont avec les druides, pour cueillir dans la forest de Mars, qu’ils nomment d’Erieu, le guy salutaire de l’an neuf, quand Florice, pour la derniere fois, me commanda de satisfaire à ce qu’elle m’avoit demandé. Toutes les dames estoient parées et chacun estoit assemblé en l’Athenée, lors que je resolus de luy complaire. Le sacrifice estoit parachevé, et les rejouissances accoustumées se commençoient, lors que tirant à part Periandre afin qu’il ne s’offençast pas de ce que je voulois faire, je luy dis que je voyois bien que Dorinde avoit tousjours quelque esperance en moy, et que cela estoit cause qu’elle ne recevoit pas son service comme elle devoit, mais que je la voulois desabuser à fin qu’elle ne s’y arrestat plus. Et soudain apres, la voyant aupres de Florice, et au milieu de la meilleure compagnie, je m’approchay d’elle, et apres quelques propos communs, je luy dis si haut que celles qui estoient à l’entour me peurent ouyr : Je cognois à ceste heure, Dorinde, que ce que l’on m’a dit de vous est veritable. – Et quoy ? (me dit-elle en sousriant, et attendant toute autre responce de moy.) – Que vous avez (luy repliquay-je) meilleure opinion de vous que personne du monde puisse avoir de soy-mesme.