Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/320

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Celuy qui n’est au monde que pour nostre supplice s’en va demain hors de la ville. Si vous venez, tout le soir sera nostre. Le reste du temps que je passe esloignée de ce que j’ayme, je ne dis pas qu’il soit à nous.

Vous sçavez, gentil Paris, que l’on n’escrit rien sur le ply de semblables lettres, de peur qu’estant trouvées, on ne recognoisse par celuy à qui elles s’adressent, celles qui les escrivent. Cela fut cause que Dorinde, apres avoir mille fois remercié Periandre, se retira dans son cabinet, et escrivit au dessus à Teombre, puis la recacheta avec de la soye bien proprement ; et la donnant à un jeune homme des siens, l’instruisit de tout ce qu’il avoit à faire, et luy commanda de la porter incontinent à Teombre, parce qu’elle sçavoit qu’il devoit s’en aller ce jour là hors de la ville. Le jeune homme fit ce que Dorinde luy avoit ordonné, et si dextrement que, cependant que Teombre cherchoit des cizeaux pour couper la soye, il ressortit du logis, et vint trouver Dorinde à laquelle