Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/321

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il raconta ce qu’il avoit faict.

Si le mary fut estonné voyant la lettre de sa femme, et plus encores lisant ce qu’elle escrivoit, vous le pouvez juger, ma belle maistresse. Tant y a qu’au lieu de s’en aller seul, il la contraignit de faire le voyage avec luy, et non pas sans luy monstrer la lettre, et luy faire plusieurs reproches, dont elle s’excusa le mieux qu’elle peut, disant qu’il y avoit long temps que ceste lettre estoit escritte. Et parce qu’elle avoit recogneu que Dorinde avoit escrit ce qui estoit sur le ply, lors que Teombre luy respondit qu’en quelque temps que ceste lettre fust escritte, elle ne pouvoit estre excusée, elle repliqua qu’estant filles et bonnes amies, Dorinde et elle, elles en avoyent bien souvent escrit de semblables, se conviant l’une à l’autre à se venir visiter, lorsqu’elles n’avoient personne pour les empescher de parler librement, et que Dorinde à ceste heure estant en colere contre elle, et sçachant qu’il devoit partir, luy avoit envoyé cet escrit. Et d’effect, disoit-elle, vous pouvez bien juger que je y vray, puis que le dessus de la lettre est escrit de la main de Dorinde. Que si elle vouloit, elle en pourroit bien montrer plusieurs autres semblables, et moy aussi des siennes, si j’eusse esté aussi soigneuse à les garder qu’elle a esté.

Teombre se paya en