Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/358

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Ces bergeres parloient de ceste sorte, cependant que Diane entretenoit le reste de la trouppe, lisant quelquefois les petits rouleaux qu’elles trouvoient sur l’autel, d’autresfois demandant à Paris, Tircis et Silvandre ce qu’ils jugeoient de ces choses. – Il n’y a personne icy, dit Paris, qui ne cognoisse bien que ce pourtrait a esté fait pour Astrée, et qui de mesme ne juge qu’il a esté mis en ce lieu par quelqu’un qui ne l’aime pas seulement, mais qui l’adore. – Quant à moy, dit Silvandre, ces chiffres me feroient croire que ce seroit Celadon, si Celadon n’estoit point mort. – Comment, dit Tircis, Celadon, ce berger qui ne noya il y a quatre ou cinq lunes dans Lignon ? – Celuy-là mesme, respondit Silvandre. – Et servoit-il Astrée, adjousta Tircis ? Au contraire, j’ay ouy dire qu’il y avoit tant d’inimitié entre leurs familles. – La beauté de la bergere fut plus grande que la haine, respondit Silvandre, et me semble que puis qu’il est mort, il n’y a point de danger de le dire. – Je croy, interrompit Diane, qu’aussi n’y en auroit-il pas, encor qu’il vesquit, ayant esté si discret, et Astrée si sage, que cette affection ne sçauroit avoir offencé personne.

Astrée qui s’estoit teue quelque temps, oyant ce que les bergers disoient d’elle, encore que ses yeux ne fussent pas encor bien remis ne peut s’empescher de leur respondre : ces larmes que je