Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/403

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à l’amour de quelques femmes, qui feignant de l’aymer, tiroient de son bien tout ce qu’elles pouvoient, et en cachette en favorisoient d’autres, il fit des vers qu’il m’envoya. Et parce que nous craignions que les lettres venant à se perdre, nos noms ne fissent recognoistre ce que nous desirions qui fust tenu caché, je l’appellois mon frere, et il me nommoit sa sœur. Je pense que je me souviendray encores des vers dont je vous parle. Il me semble qu’ils estoient tels.

Sonnet


Qu’envieux de mon bien il parle, ou qu’il blaspheme,
Qu’il remarque à nos yeux, ce qu’il pense estre en nous,
Qu’il cognoisse en effect que je ne suis moy-mesme,
Sinon, ma sœur, en tant que je ne suis qu’à vous.

Que d’un oeil importun il nous veille jaloux,
Que sur nos actions la medisance il seme  :
Il peut bien m’esloigner de mon bien le plus doux,
Mais non pas empescher qu’enfin je ne vous ayme.