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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/454

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de l’amitié feinte de luy et d’Ormanthe, par qui sa tante avoit esté advertie de ce que je vous ay dit ; bref le present de la bague qui avoit esté, comme il croyoit, le sujet du combat de Damon et de luy.

Et en fin il coptinua de cette sorte : Or, madame, jugez s’il est possible que telles esperances ne trouvassent place dans l’ame la plus prudente et advisée qui fut jamais, puis que celuy , qui vous verra, sans souhaitter ce bon-heur, pourra avec raison estre accusé de deffaut de jugement, et plus encore y estant attiré par les rapports et par les artifices de Leriane, de qui j’ay pensé vous devoir dire la perfidie, afin que vous preniez garde à la derniere meschanceté qu’elle vous a faite, et à moy aussi.

Lors il me fit entendre que ceste malicieuse femme, voyant bien qu’elle ne pouvoit plus m’abuser, ny luy aussi, et de plus se sentant rudement menassée par Leontidas et sa femme, qui luy reprochoient le peu de soin qu’elle avoit eu de moy, afin de s’excuser, avoit dit tout ce qu’elle avoit sceu imaginer de pire de nous, leur faisant entendre que j’aymois, et estois aymée de tant de personnes que, quand elle prenoit garde à l’un, l’autre la decevoit ; et entre ceux qu’elle avoit nommez, Damon et Tersandre n’avoient pas esté oubliez. De quoy Leontidas estoit de sorte en cholere, et plus encore sa femme, soit contre moy, contre luy, qu’il avoit pensé estre à propos de