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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/462

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d’avoir mon bien, le tira contre une fenestre et commença de luy raconter ce qu’elle venoit d’apprendre ; et quoy qu’il fust genereux et plein d’honneur, si le tourna-t’elle de tant de costez qu’en fin il s’accorda à tout ce qu’elle voulut. Et ainsi r’appelant Leriane qui se tenoit un peu esloignée, il luy commanda de dire la verité, et sur de ne rien mettre en avant qu’elle ne verifier. Elle, pluis asseurée qu’il ne se peut croire, reprit d’un bout à l’autre tout le descours qu’elle avoit desja fait à sa femme, et en fin conclud que s’il ne se voiloit asseurer en ce qu’elle disoit, qu’il luy donnast une sage femme, pourveu qu’elle ne fust point cogneue de moy, et qu’elle me feroit toucher à elle, et qu’il en pourroit : apprendre la vertité par son rapport, Leontidas trouva ceste preuve fort bonne, et des lendemain luy en envoya un.

Il advint que ce jour là, sa niece par son commandement, s’estoit mise en ma place dans le lict, et pour empescher que ma nourrice ne se print garde de ce qu’elle vouloit faire, elle dir à la femme de Leontidas qu’elle l’envoyast querit sous pretexte de luy demander de mes nouvelles. De cette sorte ma chambre demeura sans aucune personne qui eust du jugement, si bien que Leriane entrant dedans avec cette sage femme, et ayant bien instruit sa niece