Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/467

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recherche. La nuict estant venue, et l’heure que j’avois accoustumé de me coucher, je fis comme de coustume et me reposay jusques au lendemain sans entrer en nulle doute.

Cependant Leriane batissoit de merveilleuses harangues en mon nom, disant à Leontidas et à sa femme que je les supplios tres-humblement d’avoir pitié de moy, qu’ils avoient ma vie et ma mort entre leurs mains, que je me donnois à eux ; et que je ne voulois plus qu’une maison pour me renfermer en lieu où personne ne me vist, qu’aussi tost que je serois en estat de marcher, je leur viendrois demander pardon de la faute que j’avois commise et requerir permission de me retirer du monde.

Bref, sages bergeres, cette femme conduisit si bien sa meschanceté, que six sepmaines se passerent durant lesquelles Ormanthe se remit en estat, qu’on n’eust jamais jugé à la voir qu’elle eust fait un enfant, et feignant d’avoir eu quelques affaires chez elle, revint plus belle qu’elle n’avoit jamais esté. Leriane l’avoit si bien instruite que, quand je luys demanday pourquoy elle s’en estoit allée sans m’en parler, elle me respondit qu’elle n’osa pas heurter ’a la porte de mon cabinet, et qu’elle crfoyoit que ce ne seroit que pour deux ou trois jours, et par ainsi pensoit d’estre plustost revenue que je n’aurois pris garde qu’elle seroit partie. Je receus