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Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/469

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qu’ils me vouloient faire. Et parce que la femme de Leontidas aspiroit tousjours à mon bien : Mais comment, luy dit-elle, la pourrez-vous convaincre maintenant ? – Nous avons, dit-elle, de bons tesmoins, mais quand cela ne seroit pas, puis que la verité est pouir nous j’ay ces personnes à moy qui la maintiendront par les armes contre tous ceux qui soustiendront le contraire. Et vous sçavez, madame, que des choses qui sont douteuses, et dont les preuves ne sont pas suffisantes, on en tire la verité par les armes.

Leontidas qui estoit homme de courage, et qui estoit entré en colere de la malice dont il pensoit que j’avois usé : Non, non dit-il, je suis trop certain qu’elle a failly : ce sera moy qui l’accuseray, et qui le maintiendray contre tous. Leriane qui estoit tres-asseurée de ses deux germains, et qui vouloit sur tout se faire paroistre affectionnée à Leontidas, se tournant vers sa femme : Madame, luy dit-elle j’aymerois mieux mourir que de voir les armes à la main à mon signeur pour se subject. Je vous supplie de le destourner de ce dessein, ou bien je vous proteste de ne m’en mesler plus. J’ay Leotaris, mon germain, et son frere, qui prendront cette charge ; et à la verité, il est plus à propos que ce soient, eux, parce qu’ils ne seroit pas bien seant de demander le bien de celle que vous accuseriez.

Leontidas persistoit en ceste volonté, mais sa femme