Page:Urfé - L’Astrée, Seconde partie, 1630.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quelque temps combautu, je vy bien qu’encores qu’il fust seul, il avoit toutesfois quelque avantage sur eux ; car pour Tersandre il estoit tombé de foiblesse et ne pouvoit relever de terre. Et ce estoit le fit cognoistre à tous ceux qui les regardoient, ce fut un coup qu’il donna au frere de Leotaris d’une telle force qu’il luy separa la teste de dessus les espaules. Leotaris voulut venger son frere, mais l’estranger n’avant plus à faire qu’à luy, le mena de sorte, et le blessa en tant d’endroicts que, de foiblesse pour le deffaut du sang, il se laissa choir du chevsl en terre, et d’une si lourde cheutte, que frappant de la teste la premiere, il se tordit le col de la pesanteur de corps et des armes. L’estanger mettant pied à terre, et voyant qu’il estoit mort, le prend par un pied, le traine hors du camp et son frere de mesme ; puis s’adressant à Tersandre l’ayde à sa relever, et le met à cheaval sur un de ceux des morts, et reprenant le sein, demande aux juges s’il avoit rien plus à faire, et luy ayant esté respondu que non, il requiert que je sois mise en liberté fut ordonné à l’heure mesme. Il s’en vint donc à moy, et me demanda s’il pouvoit me rendre quelque autre service. – Deux encores, luy dis-je, l’un que vous me conduisiez chez moy, en m’ostant de la tyrannie de ceux qui m’ont ravie à ma mere, et l’autre que vous me fassiez sçavoir à qui j’