Et pource ils se mirent à courre vers leurs, mais l’estranger se mit au devant et leur dit : Je veux que vous teniez ceste courtoisie de moy, et non pas de vostre vitesse et legereté. Montrez à vostre aise à cheval, et ne croyez point je me vueille prevaloir contre vous du mien.
Tous ceux qui virent ces deux genereuses actions estimerent infinement l’estranger, mais je ne pouvois m’en contenter, me semblant que contre ceux qui soustennoient une si meschante trahison, c’estoit une grande faute de n’user de toute sorte d’avantage et mesme puis qu’ils en avoient usé de cette sorte contre Tersandre. Mais le chevalier avoit une autre consideration, ne jugeant pas que ce qu’il blasmoit en autruy luy fust honnorable.
Cependant que je pensois à ce que vous ay dit, je vis Leotaris et son frere à cheval, qui sans se ressouvenir de la courtoisie receue, vindrent l’attaquer tous deux à la fois, mais ils trouverent bien un bras plus fort que celuy de Tersandre.
Sages bergeres, je ne vous sçaurois particulariser ce combat, car j’avois l’esprit tant aliené qu’a peine le voyois-je. Il suffira de vous dire que l’estranger fit des preuves et de force et de valeur si merveilleuses, que Leriane disoit que c’estoit un demon, et non point un homme mortel. En fin apres avoir